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Conseil fédéral : Où sont les femmes ? Deuxième partie (fin).

Conseil fédéral : Où sont les femmes ? Deuxième partie (fin).

Auteurice Jacques Friedli, 6 novembre 2017
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Après la conséquente défaite d’Isabelle Moret, des éluEs recouvrant une large partie du spectre politique national ont réclamé une juste répartition des sièges du Conseil fédéral entre femmes et hommes. Un mois après, nous sommes allés demander aux femmes concernées ce qu’il en était, en sondant notamment la situation quant à l’initiative parlementaire de Maya Graf.

Publié par Jacques Friedli le 6.11.2017

Vers reportage Partie 1.

Vers interviews complètes 

La large défaite d’Isabelle Moret, soulignant à nouveau la sous-représentation chronique dont souffrent les femmes sous la coupole, a provoqué de vives réactions dans le microcosme politique fédéral. Des voix se sont élevées pour réclamer une juste répartition des sièges du Conseil fédéral entre femmes et hommes, et même à droite, des femmes influentes ont affirmés que les quotas pourraient être une bonne solution. C’est justement ce que propose l’initiative parlementaire de la verte Maya Graf, qui arrive véritablement à point nommé après cette vague de réactions.

 

 

De plus, cette initiative profite aussi d’un contexte « favorable », si l’on peut dire, de par la récente accumulation par la Suisse, avec une régularité inquiétante, de rapports critiques de nombreuses institutions (ONU, Conseil de l’Europe, WEF) quant à l’égalité femme-homme (voire notre encart ci-dessous). Ces derniers montrant notamment que la Suisse pêche principalement au niveau de l’égalité en politique…

La « bonne heure » de cette initiative ne s’arrête pas là, puisque, avec le départ annoncé de Doris Leuthard d’ici 2019, le risque de se retrouver – sans mesure ferme empêchant cette éventualité – avec une seule femme au Gouvernement est bien réel.

Finalement, l’initiative de la Verte bâloise peut s’appuyer sur une longue liste de tentatives analogues – mais infructueuse – qui ont été déposées depuis 1989. Si ces demandes n’ont encore jamais abouti, elles ont permis de faire avancer le débat, et permettront peut-être à leur héritière d’enfin transformer l’essai .

Tout cela donne beaucoup de poids à l’initiative, qui se retrouve à porter les espoirs de nombreuxSES éluEs. Précisons toutefois que même si elle se voyait acceptée, elle devrait par la suite encore remporter une votation populaire pour être validée, du fait qu’elle demande une modification de la constitution.

Pour saisir le moment politique au mieux et compléter notre tableau, nous avons contacté les premières concernées. Nous sommes ainsi heureux d’avoir pu recueillir pour vous l’avis de femmes de premiers plans des sept partis gouvernementaux, que vous pouvez découvrir ici.

Au travers leurs réponses, il semble que le soutien à l’application de mesures garantissant l’égalité entre femmes et hommes au Conseil fédéral ne relève pas du simple coup de colère et est bien inscrit dans la durée . Un large front de femmes, représentant tous les partis hormis l’UDC, souhaite en effet voir l’initiative acceptée et compte bien participer à la campagne en ce sens. Maya Graf se montre d’ailleurs optimiste quant à la possibilité de convaincre d’ici la votation, « je suis sûre que la question de la représentation équitable de la moitié de la population, des femmes, dans le Gouvernement de notre État et dans tous les organes directeurs deviendra de plus en plus urgente. La pression va augmenter » nous dit-elle.

Il semble toutefois que rien ne soit actuellement acquis, et que si un basculement advient, ce sera tout d’abord d’une lutte difficile. « Il faut donc nécessairement des hommes convaincus pour imposer une représentation adéquate des femmes, et ça n’est en aucun cas aisé » résume ainsi la présidente des femmes PLR, Doris Fiala.

Ce qui ressort aussi, comme le dit si bien Babette Sigg, c’est qu’un mois après le choc de la défaite d’Isabelle Moret, « ce résultat électoral a déjà été perdu dans les affaires courantes, et sans l’initiative parlementaire de Maya Graf, plus personne n’en parlerait. » Cette dernière permet en effet de catalyser le besoin d’égalité qui se fait ressentir actuellement, et de lui proposer une direction concrète, dans laquelle la majorité des femmes parlementaires s’est lancée ; c’est déjà une belle réussite pour cette initiative.

Finalement, si nous pensons qu’un élan conséquent a été lancé, il reste très difficile de mesurer son ampleur avant le vote décisif sur l’initiative parlementaire de Maya Graf. Les apparences peuvent en effet être trompeuses, et les mauvaises habitudes installées depuis des siècles ne s’en vont pas si facilement, comme l’illustre bien l’éditorial du 24 heures – que nous citions au début de cette analyse – qui, se voulant un vibrant appel à l’égalité femme-homme en politique, se retrouve pourtant associé à une pub affichant des femmes en lingeries légères dans une mise en scène peu émancipatrice…

Ce qui est donc certain, c’est que, succès ou pas de l’initiative de Maya Graf, la Suisse aura encore beaucoup de chemin à parcourir sur la route qui mène à l’égalité. Prochaine étape ? Peut-être bien l’initiative Genomi, qui propose en quelque sorte de « casser le système » et de tirer les ConseillerEREs nationauxALES au sort, pour obtenir un panel d’élu totalement représentatif de la société.

 

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