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Conseil fédéral : où sont les femmes ? interviews

Conseil fédéral : où sont les femmes ? interviews

Auteurice Jacques Friedli, 6 novembre 2017
Illustrateurice
Type de publication

Nos interviews de femmes politiques de tous les partis gouvernementaux, au sujet de la représentation des femmes au Conseil fédéral.

Publié le 6.11.2017 par Jacques Friedli

Vers le reportage Partie 1. 

Vers le reportage Partie 2. 

NB: Les réponses de Mmes Fiala, Graf, Quadranti et Sigg étaient originellement en allemand, vous lisez ci-dessous notre traduction.

Maya Graf, Conseillère nationale Verte, co-présidente de l’alliance F (alliance de sociétés féminines suisses), porteuse de l’initiative parlementaire demandant d’inscrire la représentation équitable des femmes au Conseil fédéral dans la constitution :

DécadréE: La large défaite d’Isabelle Moret le 20 septembre dernier a été un choc pour de nombreuses femmes, on a alors entendu plusieurs voix de tous bords s’élever pour exiger des mesures afin de mettre fin à la sous-représentation des femmes au CF. Regula Rytz a notamment déclaré : « Ce que nous avons vécu cette semaine était une humiliation pour toutes les femmes »

Un mois s’est écoulé, les esprits se sont calmés, le rapport de force sur votre initiative a-t-il changé ? Est-ce qu’elle a des chances d’être acceptées ? De nouvelles portes se sont-elles ouvertes ?

M.Graf : La demande de mon initiative est soutenue par les parlementaires de tous les groupes politiques. Celles-ci soutiennent l’appel de l’alliance F sur http://www.conseilleresfederales.ch/. (ndlr, nous n’avons cependant pas relevé la présence de femmes UDC)

De même, la Conseillère fédérale Sommaruga a récemment préconisé une concordance entre les sexes analogue aux régions linguistiques et aux régions provinciales. Si la Conseillère fédérale Leuthard devait démissionner, Mme Sommaruga serait la seule femme du Conseil fédéral.

Quelle position pensez-vous que votre parti défendra lors du vote de l’initiative ?

Bien entendu, le groupe Verts soutient pleinement l’initiative parlementaire. Les Verts sont le parti de l’égalité.

Et pensez-vous encore pouvoir créer une différence jusqu’au vote ?

Oui, je suis sûre que la question de la représentation équitable de la moitié de la population, des femmes, dans le gouvernement de notre Etat et dans tous les organes directeurs deviendra de plus en plus urgente. La pression va augmenter.

Céline Amaudruz, Conseillère nationale et vice-cheffe du groupe UDC au parlement, vice-présidente de l’UDC :

DécadréE La large défaite d’Isabelle Moret le 20 septembre dernier a été un choc pour de nombreuses femmes, on a alors entendu plusieurs voix de tous bords s’élever pour exiger des mesures afin de mettre fin à la sous-représentation des femmes au CF. 

Un mois s’est écoulé, les esprits se sont calmés, qu’en est-il maintenant de votre position et de celle de votre parti, l’élection a-t-elle amorcé un changement ?

C. Amaudruz : Non, tant pour l’UDC que pour moi, le fait d’être une femme n’est pas une qualité en soi, seules les compétences étant déterminantes. Ce n’est qu’à compétences égales que la femme doit être préférée, ceci afin d’atteindre une représentation équilibrée, non seulement au Conseil fédéral mais dans quelque organe décisionnel que ce soit. Je relève au sujet de notre gouvernement que le critère femme n’intervient souvent que dans un deuxième temps, les parlementaires privilégiant en priorité le positionnement politique des personnes proposées. Cela explique notamment l’échec de Karin Keller-Sutter lors de sa première candidature. Son tour reviendra lors du départ de Johann Schneider-Amman, ce sera l’occasion de voir si les femmes sont cohérentes par rapport à leurs exigences.

Quelle position pensez-vous que votre parti défendra lors du vote de l’initiative parlementaire de Maya Graf qui souhaite introduire la notion de représentations équitables des sexes au Conseil Fédéral dans la constitution

Au vu de ma réponse précédente, vous pouvez aisément déduire que nous serons opposés à cette initiative qui fixe en quelque sorte le principe des quotas. Il faudra donc définir en nombre le terme équitable, vraisemblablement 4 et 3 ou 3 et 4, ce qui vaudrait aux élues sur la base de ce principe de ne jamais savoir si elles ont été choisies pour leur profil, pour leurs compétences ou simplement sur la base de leur sexe, pour répondre à l’équité prévue dans la Constitution. Je trouve ce principe dévalorisant pour les femmes dont on pense qu’elles seraient de pauvres créatures qu’on doit prendre par la main pour leur permettre d’accéder aux plus hautes fonctions. Une femme doit pouvoir revendiquer n’importe quel poste parce qu’elle présente les compétences requises et non simplement pour satisfaire à une logique arithmétique.

Et pensez-vous participer activement au débat interne à ce propos

Bien évidemment, le débat qui nous occupera concerne en priorité les femmes et la façon dont elles envisagent leur place en politique dans le cas présent. Ce sera l’occasion de répéter que nous voulons jouer selon les mêmes règles que les hommes, étant entendu encore une fois qu’en cas d’égalité, préférence doit être donnée à une femme mais à égalité seulement.

 

Martine Docourt, Députée neuchâteloise et cheffe du groupe socialiste au Grand Conseil, co-présidente des Femmes socialistes suisses :

DécadréE La large défaite d’Isabelle Moret le 20 septembre dernier a été un choc pour de nombreuses femmes, on a alors entendu plusieurs voix de tous bords s’élever pour exiger des mesures afin de mettre fin à la sous-représentation des femmes au CF. Certaines femmes du PS étaient apparemment très fâchées de l’attitude du groupe parlementaire et Simonetta Sommaruga a récemment pris position en faveur des quotas de sexes Un mois s’est écoulé, les esprits se sont calmés, qu’en est-il maintenant de votre position et de celle de votre parti, l’élection a-t-elle amorcé un changement ? Quelle position pensez-vous que votre parti défendra lors du vote de l’initiative parlementaire de Maya Graf qui souhaite introduire la notion de représentations équitables des sexes au Conseil Fédéral dans la constitution ? Et pensez-vous participer activement au débat interne à ce propos

M. Docourt : Tout d’abord, j’aimerais rappeler que je m’exprime pour les femmes socialistes et non pas au nom du PSS.

Les femmes socialistes, par le biais de leur manifeste qui a été accepté à l’assemblée des délégué-e-s (https://www.sp-ps.ch/fr/parti/organisation/assemblee-des-delegue-e-s/olten), ont réaffirmé leur volonté d’atteindre la parité dans les différentes institutions. Pour y parvenir, une exigence du manifeste est « Nous demandons l’ancrage dans la loi d’un quota de femmes* d’au moins 40% au Parlement, au Conseil fédéral, dans l’administration fédérale et au Tribunal fédéral. Il nous revient à nous tous et toutes de sensibiliser et de motiver les femmes* à faire de la politique ». Ce point a été accepté par l’assemblée des délégué-e-s. Un manifeste reste un manifeste et cela n’est toutefois pas une injonction au groupe parlementaire. Il sera libre de décider de comment il gère la suite au parlement en fonction des stratégies politiques, mais le rôle des femmes socialistes sera de rappeler et réaffirmer ces positions. L’introduction de quotas c’est un élément, mais une réelle politique de promotion doit être mise en place dans tous les partis et ceci de manière permanente. Elle doit passer par tous les niveaux de fonctions politiques et de fonctions internes aux partis si l’on entend pouvoir un jour parvenir à une égalité de fait dans le monde politique, où les échelons se gravissent petit à petit, du niveau communal jusqu’au Conseil fédéral.

Un changement qui, je l’espère, puisse s’opérer suite aux dernières élections fédérales, c’est la façon de traiter les candidatures féminines par les médias.

 

Rosmarie Quadranti, Conseillère nationale et cheffe du groupe PBD au parlement, membre du comité directeur du PBD

DécadréE Après l’élection du 20 septembre, de nombreuses femmes ont appelés à un changement. Un mois après, quel est votre avis et celui votre parti ? Il y’a-t-il eu un changement ?

R. Quadranti : La proportion de femmes au Parlement et au Conseil fédéral est insuffisante. Cela doit encore changer. Une partie du changement doit venir des électeurs et des électrices, l’autre de l’Assemblée fédérale.

Que pensez-vous que votre parti décidera à propos de l’initiative parlementaire de Maya Graf ?

 Le PBD est pour le « pouvoir des femmes » (Frauenpower). C’était d’ailleurs un argument de campagne. Je suppose que nous allons soutenir cela. Nous n’en avons cependant pas encore discuté. Il doit effectivement – et c’est bien triste que cela soit encore nécessaire – être écrit, que, en plus de l’égalité de la représentation de la langue, etc. l’équilibre des sexes doit être respecté.

 Et pensez-vous que vous participerez activement au débat interne à ce sujet ?

 Des discussions internes auront lieu et je vais certainement vouloir y participer.

 

Isabelle Chevalley, Conseillère nationale Vert-libérale

Décadrée: La large défaite d’Isabelle Moret le 20 septembre dernier a été un choc pour de nombreuses femmes, on a alors entendu plusieurs voix de tous bords s’élever pour exiger des mesures afin de mettre fin à la sous-représentation des femmes au CF. Vous en faites partie et avez déclaré avoir changé d’avis à ce sujet ; vous « seriez à présent ouverte à l’idée de passer par les quotas pour obtenir l’égalité ».

Un mois s’est écoulé, les esprits se sont calmés, qu’en est-il maintenant de votre position et de celle de votre parti, l’élection a-t-elle amorcé un changement

I.Chevalley : Oui je n’ai pas l’habitude de réagir de manière non réfléchie. Pour ma part, je soutiendrai la proposition de Mme Graf. Il faut encore que l’on en discute à l’interne car nous n’avons pas encore eu le temps de le faire.

Quelle position pensez-vous que votre parti défendra lors du vote de l’initiative parlementaire de Maya Graf qui souhaite introduire la notion de représentations équitables des sexes au Conseil Fédéral dans la constitution ?

J’espère qu’il la soutiendra mais la discussion doit encore avoir lieu

Et pensez-vous participer activement au débat interne à ce propos ?

Oui bien sûr !

Babette Sigg, présidente des femmes PDC

Après l’élection du 20 septembre, de nombreuses femmes ont appelés à un changement. Un mois après, quel est votre avis et celui votre parti ? Il y’a-t-il eu un changement ?

B.Sigg : Il est facile d’être indigné après un vote parce que ce n’est pas une femme qui a été élue ! Après un mois, cependant, ce résultat électoral a déjà été perdu dans les affaires courantes, et sans l’initiative parlementaire de Maya Graf, plus personne n’en parlerait. On verra donc s’il y un changement sur cette question sociopolitique a déjà eu lieu – ce qui est cependant certain, c’est la nécessité d’un changement. Je suis d’avis que la prochaine vacance au Conseil fédéral doit être mieux préparée et plus en amont afin de positionner les candidates potentielles à temps. Des études prouvent que les équipes mixtes travaillent plus efficacement – cela vaut également pour le Conseil fédéral. Les femmes PDC sont convaincues qu’il y’a absolument besoin d’une part équitable de femmes dans les affaires, la politique et les administrations.

Que pensez-vous que votre parti décidera à propos de l’initiative parlementaire de Maya Graf ?

L’initiative parlementaire de Maya Graf est excellente, car elle implique que la représentation des femmes dans les services publics, les parlements et les exécutifs, de même qu’au sein des partis, soit à nouveau discutée. Il n’est plus si facile d’ignorer ou de rejeter catégoriquement la question des quotas pour les femmes ; il faut de bons arguments de nos jours pour être contre les femmes en politique ! Au sein du groupe PDC, dans les exécutifs cantonaux, ainsi que dans l’administration fédérale, il y a d’excellentes politiciennes qui sont tout à fait au niveau d’un poste au Conseil fédéral. Le PDC a actuellement une conseillère fédérale qui agit avec grand succès depuis des années – qui a par exemple réussi à imposer la transition énergétique même chez les sceptiques de l’industrie électrique, en s’appuyant sur les faits et sur sa conviction. Les femmes PDC travailleront pour s’assurer que l’initiative reçoive le soutien nécessaire au sein du parti ; le groupe ne pourra guère se passer de candidates sérieuses aux prochaines élections du Conseil fédéral et ne pas vouloir soutenir cette initiative.

Et pensez-vous que vous participerez activement au débat interne à ce sujet ?

La prochaine vacance du conseil fédéral concernera très probablement le PDC – c’est ce qui occupe actuellement les femmes PDC. Le sujet occupe notre groupement depuis quelques mois déjà. Notre but est de présenter au parti une ou deux candidates qui ont de réelle chance d’être élues au Conseil fédéral. C’est présentement notre tâche la plus importante.

Doris Fiala, Conseillère nationale, présidente des femmes PLR

DécadréE: Après l’élection du 20 septembre, de nombreuses femmes ont appelés à un changement. Un mois après, quel est votre avis et celui votre parti ? Il y’a-t-il eu un changement ?

Que pensez-vous que votre parti décidera à propos de l’initiative parlementaire de Maya Graf ?

Et pensez-vous que vous participerez activement au débat interne à ce sujet ?

D.Fiala : En tant que présidente des femmes PLR, je suis toujours motivée à tout faire pour que lors du prochain vote d’une place gouvernementale revenant au PLR, une femme soit élue ! Mes collègues d’aujourd’hui sont également conscient que – bientôt 30 ans après Elisabeth Kopp – il est temps, que le PLR ait à nouveau une Conseillère fédérale. Mais cette conscience seule ne garantit pas le succès.

Après que les sociaux-démocrates aient voté, tactiquement et politiquement, pour Pierre Maudet et non, comme ils l’avaient pourtant demandé, pour une femme, un double ticket de femmes PLR lors de la prochaine vacance PLR me semble encore plus important et justifiable.

L’initiative de Maya Graf n’aura pas la tâche facile. La représentation totale des femmes sous la coupole fédérale est, comme nous le savons, d’un peu moins de 30%. Il faut donc nécessairement des hommes convaincus pour imposer une représentation adéquate des femmes, et ça n’est en aucun cas aisé.

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