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De la couturière à l’ingénieure, un rapport genré au travail

De la couturière à l’ingénieure, un rapport genré au travail

Auteurice Maeva Pleines, 19 janvier 2018

 

« Dans le monde du travail, les femmes sont partout et l’égalité nulle part. » Voilà le constat de Margaret Maruani, directrice au CNRS dans le champ des études genres, participant à un MOOC (Massive Open Online Course) organisé par l’Université de Genève. Elle remarque ainsi qu’aujourd’hui, si les égalités se déclinent à différents niveaux selon les situations, on ne trouve pas encore de pays où l’égalité homme femme soit parfaite. Un evolution des carrières moins dynamique, des phénomènes de ségrégation, un chômage plus élevé, davantage de travail précaire ou informel… tel est encore le lot des femmes. Pour Delphine Gardey, directrice de l’Institut en études genre de Genève, les sources de ces inégalités peut être illustrée par la différence historique de traitement entre le métier de couturière en opposition à celui d’ingénieur.

Pour comprendre un des enracinements du problème, il faut revenir quelques siècles plus tôt… Au XIXe siècle, toutes les jeunes filles apprenaient à coudre. Cette expérience de la patience et de la docilité se mêlait à l’apprentissage de la lecture, puisqu’il s’agissait également d’apprendre en brodant des lettres. L’activité couturière devient ainsi ancrée à la condition féminine et, simultanément, la dimension technique de ce travail est écartée.

D’un autre côté, dès la fin du XVIIIe siècle, les écoles d’ingénieur se développent. Avec cette évolution, les savoir techniques sont valorisés. Ceux-ci sont toujours liés à la condition masculine. En effet, ces pratiques viennent du monde militaire, de l’armée et de la marine, soit des sphères alors réservées aux hommes. Delphine Gardey relève que les écoles techniques faisaient intégrer des rites d’homosocialité contribuant à la construction de l’ingénierie comme technique prestigieuse masculine.

On constate dès lors comment deux rapports au travail diamétralement opposés créent des identités sociales genrées plus ou moins valorisées. Si ces exemples historiques ont évolué, force est de constater qu’ils ont laissé leur marque aujourd’hui. Ainsi, seules 29% des ingénieurs diplômés en France en 2015 étaient des femmes, ce qui représente une hausse par rapport aux années précédentes. Margaret Maruani, elle, conclut que « sans volonté politique, il n’ a pas de pente naturelle vers l’égalité ».

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