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La belle et la meute

La belle et la meute

Auteurice Valérie Vuille, 2 octobre 2017
Illustrateurice
Type de publication

Si le viol est une violence atroce, il en est d’autres qui se produisent également après, qui justifient le viol, découragent et délégitiment la victime. La belle et la meute, film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben lHania, adapté du livre Coupable d’avoir été violée (Meriem Ben Mohamed et Ava Djamshidi), et raconte ces épreuves.

Publié par Valérie Vuille, le 2 octobre 2017

Miriam est une jeune femme de 21 ans et vit à Tunis. Rien ne le présageait, mais sa vie va basculer en une soirée et la changer à jamais. Violée par des policiers, elle aura à vivre des épreuves toutes plus terribles les unes que les autres pour faire reconnaître ses droits et se libérer de l’oppression et du jugement qui l’empêchent d’avancer.

Le film suit Miriam dans le parcours qu’elle entame pour porter plainte. De l’hôpital à la police, des salles d’attentes des cliniques aux salles de dépositions jusqu’au camion de police et aux cellules, la caméra nous révèle tout du chemin de la jeune femme, avec pudeur et respect. Le film montre ainsi parfaitement la solitude de la jeune femme, qui se retrouve à devoir se battre contre touTEs et ses propres craintes. Les personnages se suivent en effet et touTEs se révèlent décevantEs. ToutEs sont empreintEs des normes et des injonctions sociales qui justifient le viol. “Elle portait une robe”, “elle était loin de chez elle, tard le soir, qui plus est avec un homme”, “ les policiers garantissent la sécurité du pays et des personnes”. Si certainEs semblent essayer d’être unE alliéE de la victime, personne n’arrive pourtant à se libérer totalement des injonctions et à aider la jeune femme. Elle se retrouve ainsi seule au sein de cette société et doit se battre face à des lois qui sont contre elle.

En Tunisie, les droits des femmes sont en effet encore très restreints. Dans le film, la jeune femme peut ainsi se retrouver elle-même accusée pour avoir embrassé un homme dans l’espace public. Malgré tout le pays tant vers le progrès: en effet, une loi contre les violences sexistes a été adoptée en juillet 2017. Cette dernière a notamment aboli une disposition prévoyant l’abandon des poursuites contre l’auteur d’un acte sexuel “sans violence” sur une mineures de moins de 15 ans, s’il l’épouse.

Mais les lois ne font pas tout et les représentations elles-mêmes se profilent comme des obstacles. La jeune femme n’ose pas demander de l’aide à sa famille, doute de la pertinence de porter plainte ou encore de rendre publique son histoire. Elle doit se battre contre la peur de ne pas être une victime “illégitime”, et de se voir désavouée par ses proches.

Le vêtement : de la gêne au courage

Ce combat, le film l’illustre à travers un accessoire des plus symboliques : la robe de la jeune femme. Cette robe de soirée prêtée par une amie devient, après son viol, une source de gêne pour Miriam. Bousculée par les remarques sur son « indécence », la jeune femme la remonte pour cacher son décolleté , la cache, jusqu’à porter un voile sur la tête. Mais cette robe n’est pas la raison de son viol. Rien ne le justifie. A la fin du film, la jeune femme parvient à se libérer de ces fausses représentations et symboliquement le voile devient une cape de super-héro.

Dans le film, la parole de Miriam n’est jamais remise en question. Pas besoin de montrer des grandes scènes de viol, le film se concentre sur la violence des remarques et des obstacles que chacunE mets sur son passage. Un choix judicieux de la part de la réalisatrice qui arrive par là à dénoncer la violence de la société en elle-même.

 

Date de sortie: 18 octobre

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