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Le test de Bechdel: quel outil pour l’industrie cinématographique?

Le test de Bechdel: quel outil pour l’industrie cinématographique?

Auteurice Maude Marchal Dombrat, 19 août 2017
Type de publication

Qui n’a pas déjà regardé un film sans se sentir frustréE par le faible nombre de femmes à l’écran? Aujourd’hui, DécadréE vous parle du test de Bechdel.

Ce n’est un secret pour personne, la représentation des femmes dans l’industrie cinématographique est critiquable. Afin de parler de ce manque de représentation, le test de Bechdel a été popularisé par Alison Bechdel en 1985 dans son oeuvre « Dikes to Watch Out For » ( « les lesbiennes à suivre » ). Ce comics, diffusé entre 1983 et 2008, raconte les vies, les amours et les batailles politiques d’un groupe de personnages divers et variés, ayant pour trait commun d’être majoritairement des lesbiennes. C’est dans le cadre de cette oeuvre que l’auteure de bandes dessinées américaines pose trois questions très simples qui permettent d’analyser la place des femmes dans les films.

-Y-a-t-il deux femmes portant un nom dans le film?

-Ces deux femmes parlent-elles entre elles?

-Parlent-elles d’autre chose que d’un homme?

L’intérêt du test

Malgré la simplicité de ces questions, un nombre impressionnant de films ne passent pas ce test. Cela l’est encore plus lorsque l’on sait que le but de ce test n’est même pas de s’interroger sur la qualité du film ou sur son féminisme, mais simplement sur la représentation des femmes à l’écran.

En effet, selon Geena Davis Institute on Gender and Media, un organisme de recherche sur la diversité dans les médias, en 2015, les personnages masculins ont reçu deux fois de temps d’écran que les personnages féminins. Cet écart se creuse encore lorsque le personnage principal est masculin, les hommes apparaissant ainsi à l’écran presque trois fois plus souvent que les personnages secondaires féminins (34,5% contre 12,9%). A contrario, lorsque le rôle principal est tenu par une femme, le temps d’écran est partagé à peu près équitablement (24,0% contre 22,6%).

Toujours selon Geena David Institue on Gender and Media, lorsque l’on se penche sur le temps de parole, les mêmes conclusions sont à tirer, puisqu’en 2015, les personnages masculins parlaient deux fois plus souvent que les personnages féminins dans les films du box-office (28,4% contre 15,4%)

Ces conclusions sont en accord avec les questions soulevées par le Bechdel test. Celui-ci s’avère ainsi être un outil de mesure quantitatif pertinent qui permet de souligner la rareté des femmes à l’écran.

Les limites du test

En tant qu’outil quantitatif, ce test ne s’intéresse cependant pas à la manière dont sont représentées les femmes et ne mesure en aucun cas comment les oeuvres traitent ces dernières. Le Bechdel test possède ainsi un véritable intérêt lorsqu’il s’agit de critiquer l’industrie cinématographique de manière globale, mais est très limité lorsque l’on se concentre sur les oeuvres elles-mêmes. Ainsi, des films aussi discutables que « American Pie 2 » ou « Transformers » passent le test, ce qui n’en fait pas des films dénués de discrimination pour autant. D’un autre côté, des films avec des personnages féminins intéressants et développés échouent, par manque de femmes dans leur scénario.

Le Bechdel test n’est donc absolument pas un moyen de rendre compte du féminisme d’un film ou non. Il s’agit là d’un outil pour souligner et comprendre le manque de diversité dans l’industrie cinématographique. Il est aussi à noter que si ce test a tout d’abord été pensé pour parler d’égalité homme-femme, il peut être et est utilisé pour traiter d’autres minorités. Ainsi, lorsque les mêmes questions sont utilisées pour parler des personnes racisées ou LGBT*, sans surprise, la plupart de nos blockbusters favoris échouent à valider ces trois critères.

Pour aller plus loin:

feministfrequency.com

seejane.org

geekfeminism.wikia.com

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