Menu de l'institut
Menu du LAB

LE LAB

Défilé sur les pavés sans honte avec force et unité

Défilé sur les pavés sans honte avec force et unité

Auteurice Amélie Duval, 30 septembre 2018
Type de publication

La bisexualité est revendiquée en tant qu’orientation sexuelle distincte de l’homosexualité et de l’hétérosexualité depuis les années 1970. Pourtant, les personnes bisexuelles souffrent encore d’une invisibilisation qui contribue à la perpétuation des discriminations à leur égard, d’où l’importance de la journée internationale de la bisexualité, célébrée le 23 Septembre.

Dans une société encore structurée par une vision binaire de l’orientation sexuelle, les personnes bisexuelles voient souvent leur vécu effacé, aussi bien dans les cercles hétérosexuels qu’homosexuels. Ceci a un impact négatif sur différents aspects de leur vie, notamment professionnelle ou au niveau de leur santé. Néanmoins, la cause des personnes bisexuelles et les discriminations spécifiques auxquelles ilELLEs sont confrontéEs commencent peu à peu à faire l’objet d’un intérêt croissant, notamment de la part des associations LGBTQ+. En effet, la journée internationale de la bisexualité, célébrée le 23 Septembre depuis 1999, prend chaque année plus d’ampleur.

Le terme « bisexualité » prend son sens moderne au début du 20e siècle, tandis que sa conceptualisation en tant qu’orientation sexuelle distincte trouve sa source au début du mouvement de libération homosexuel des années 1970. La bisexualité est une orientation sexuelle qui se distingue de l’hétérosexualité et de l’homosexualité par sa non binarité. Elle peut, en effet, être définie par l’attirance pour plus d’un genre.

Il est difficile d’évaluer le nombre de personnes bisexuelles dans le monde, notamment car la définition même de la bisexualité est loin d’être aisée. A la question «Que veut dire, être bisexuelLE?» les chercheurEs Brian Feinstein et Christina Dyar de l’Institut pour la santé des minorités sexuelles et de genre (Northwestern University, Chicago), répondent: «Ça dépend». Ils rapportent que les chiffres sur la population bisexuelle aux Etats-Unis changent selon les enquêtes en fonction des méthodologies employées par leLA chercheurSE: se baser sur l’auto-identification, sur les attirances ou sur les comportements bisexuels, donne lieu à des résultats très différents.

 

©DR – David Bowie annonce sa bisexualité en 1972

 

Entre 1990 et 2014, le pourcentage d’adultes rapportant avoir eu des rapports sexuels avec des partenaires des deux sexes est passé de 3,1% à 7,7% aux Etats-Unis et la bisexualité bénéficie d’une plus grande visibilité grâce à la libération sexuelle des années 68 et à la parole de célébrités comme David Bowie, Kristen Stewart, ou encore Angelina Jolie.

Invisibilité et obligation de binarité

Néanmoins, les personnes bisexuelles font face à une réelle invisibilisation de leur orientation sexuelle, qui contribue à renforcer les discriminations spécifiques auxquelles ilELLEs sont confrontéEs. Dans une société encore structurée par une vision binaire de l’orientation sexuelle, la réalité vécue des personnes bisexuelles est souvent effacée.

S’ilELLEs sont en couple avec une personne du même genre, ilELLEs sont le plus souvent perçuEs comme uniquement homosexuelles, alors que s’ilELLEs sont en couple avec le genre opposé, elles sont perçues comme uniquement hétérosexuelLEs. Le traitement médiatique de la figure de Deadpool dans les derniers films Marvel illustre cette “invisi“bi“lisation”. Personnage de comics défini comme bisexuel, et plus précisément pansexuel, Deadpool a bénéficié d’une couverture médiatique le présentant comme un personnage queer – ici utilisé comme un terme générique faisant référence à la communauté LGBTQ+ – et non bisexuel. La dessinatrice Tivka Wolf fait état avec humour de cette représentation faussée.

Certains médias contribuent d’ailleurs à cette invisibilisation des personnages ou des personnes bisexuelles et renforcent aussi l’idée reçue selon laquelle la bisexualité n’existerait pas vraiment. Les personnes bisexuelles deviennent alors de véritables “licornes” de l’orientation sexuelle –  comme le rapporte une enquête nationale sur la bisexualité en France de 2015. Le traitement de la question par le journal féminin Marie-Claire illustre le fait que la bisexualité soit perçue comme une phase bien plus que comme une orientation sexuelle à part entière. On y trouve les phrases suivantes: «la tendance bisexuelle est bien là» ou «la bisexualité se trouve entre phénomène de mode et expérience à tenter».

© Kayaba – «Véritables “licornes” de l’orientation sexuelle»

Cette négation de la bisexualité peut également être présente au sein même des groupes homosexuels ou queer. L’enquête nationale sur la bisexualité en France de 2015 rapporte ainsi que pour certainEs, les personnes bisexuelles seraient soit des hétérosexuelLES en période d’expérimentation sexuelle, ou alors des homosexuelLEs qui n’oseraient pas encore faire leur coming out. Pour d’autres, ilELLEs seraient carrément des «traîtres à la cause homosexuelle».

Cette négation de la particularité de l’orientation sexuelle “bi” favorise la persistance d’idées reçues souvent négatives. En effet, Les bisexuels sont souvent perçus comme volages, trompeurEUSEs, infidèles, ou ayant une sexualité débridée et ce aussi bien chez les personnes hétéros que chez les homos.

 

Impacts négatifs de cette invisibilisation

Les personnes bisexuelles souffrent donc d’une invisibilisation aussi bien dans les cercles hétérosexuels qu’homosexuels, ou le “B” de LGBT se trouve parfois relégué au dernier plan. Les impacts négatifs de cette invisibilisation et de ces discriminations sont bien réels.

La biphobie a des répercussions sur la vie professionnelle et la santé des personnes bisexuelles. Un rapport publié par l’association britannique Stonewall en 2010 révèle que celle-ci peut représenter une souffrance au travail pour les personnes bisexuelles. De nombreuses personnes n’osent souvent pas faire leur “coming-out” au travail, tandis que d’autres témoignent que leur performance professionnelle était affectée par les réactions négatives de leurs collègues concernant la bisexualité. Les personnes bisexuelles sont ainsi deux fois moins susceptibles d’être “out” au travail que leurs collègues homosexuels et lesbiennes.

Des études démontrent que les personnes bisexuelles sont en moyenne en moins bonne santé que les personnes hétérosexuelles ou homosexuelles. Selon une enquête de la London School of Hygiene & Tropical Medicine, les femmes bisexuelles sont ainsi plus à risque pour ce qui est des troubles de la santé mentale tels que la dépression, l’anxiété ou les troubles de l’alimentation. Ces populations sont également plus à risque pour ce qui relève de l’usage de drogues et et des problèmes de santé sexuelle. Cela est dû en partie à la discrimination à laquelle ceuxCELLES-ci sont confrontés.

 

Efforts pour une meilleure reconnaissance de la bisexualité

L’invisibilité des personnes bisexuelles contribue à la persistance de clichés négatifs, tout en ayant des conséquences sur leur vie professionnelle et sur leur santé. D’où l’importance d’élaborer des stratégies de visibilisation des personnes bisexuelles. La journée internationale de la bisexualité, née en 1999 de l’initiative de trois militantEs bisexuelLES originaires des Etats-Unis, est célébrée chaque année le 23 septembre par la communauté bisexuelle et ses sympathisantEs dans un nombre croissant de pays. Cette journée est dédiée  à la reconnaissance et à la célébration des personnes bisexuelles à travers l’histoire, ainsi qu’à la lutte contre la biphobie.

Les associations bisexuelles comme Bi’cause en France, ou les sections bisexuelles au sein des associations LGBTQ+ comme le groupe Bi 360 à Genève se développent. Une première étape vers plus de visibilité consiste à mener des recherches sur le sujet. La première enquête nationale sur la bisexualité en France a ainsi été menée par les associations SOS homophobie, Act Up-Paris, Bi’Cause et le MAG Jeunes LGBT et fut publiée en 2015. En Suisse, un guide des questions LGBTQ en milieu professionnel a été publié par la Fédération genevoises des associations LGBT en 2015, et inclut une section dédiée à la question de la bisexualité.

Restez au courant de nos actualités:

S'inscrire à la newsletter

Recevez nos outils contenus media:

S'abonner à la boîte-à-outils