Menu de l'institut
Menu du LAB

LE LAB

L’homophobie, pas à Genève !

L’homophobie, pas à Genève !

Auteurice Iris Bouillet, 17 mai 2017
Illustrateurice
Type de publication ViolenceSuisse

Chaque 17 mai a lieu la Journée Internationale de lutte contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie. Ce 17 mai 2017 célèbrera donc la 27ème année depuis que l’Organisation Mondiale de la Santé a retiré l’homosexualité de sa liste officielle des maladies mentales.

Ce mardi 16 mai, la Ville de Genève présentait sa soirée de lancement de sa nouvelle campagne contre « l’homophobie et la transphobie » au Nathan Café. Cet endroit particulièrement car il représente un lieu d’accueil et de rencontres pour les membres des communautés LGBT+, mais où la clientèle et le personnel ont souvent été la cible d’agressions homophobes et transphobes. C’est donc pour réitérer son refus de cette violence et sa solidarité avec les communautés LGBT+ que ce lieu a été choisi.

Le café est plein. Sami Kanaan, représentant de la Ville de Genève et membre du Conseil administratif, excuse Sandrine Salerno, Conseillère administrative en charge de l’Égalité et de la Diversité, ayant eu un empêchement. Un verre à la main, dans une ambiance détachée et chaleureuse, Sami Kanaan prend le micro.

« Cette campagne s’inscrit dans le cadre de l’engagement global de la ville de Genève contre les discriminations liées à l’orientation sexuelle et à l’identité de genre. »

Il parle de l’engagement sur plusieurs fronts de la Ville, notamment au travers de subventions envers les associations LGBT+ et du véritable partenariat qui s’est noué entre la ville de Genève et ce milieu associatif. En 2015, elle rejoint le réseau international des Rainbow Cities, dont le but est « l’échange de bonnes pratiques entre des villes ayant mis en place des politiques publiques de lutte contre les discriminations en lien avec l’orientation sexuelle et l’identité de genre »[1]. Genève collabore aussi avec des villes suisses (dont Zurich), ILGA (International Lesbian Gay Bisexuel Trans and Intersex Association) et participera d’ailleurs à son gala le 1er juin prochain.

Sami Kanaan explique que la Ville organise chaque année depuis 2013 une campagne d’affichage pour sensibiliser sur ces questions. Cette année, c’est le thème de la violence dans l’espace public qui a été retenu. Comme il rappelle un fait choquant : « chaque jour, des personnes gaies, lesbiennes, bisexuelles, transexuelles, sont victimes de violence à Genève, chaque jour. »  Il ajoute que 80% des hommes homosexuels disent avoir subis au moins une fois une agression, soit trois à quatre fois plus que des hommes hétérosexuels. Tout en sachant que plus de la moitié d’entre eux ne portent pas plainte. D’où l’importance, comme il le souligne, de l’initiative de Mathias Reynard, dont vous parlait DécadréE et qui vise à étendre la norme pénale antiraciste à la discrimination basée sur l’orientation sexuelle. De cette manière, les personnes victimes d’agressions pourront se sentir plus légitimes dans leur démarche juridique.

Aux côtés de la police cantonale, de LAVI[2], la Ville de Genève œuvre également pour accompagner les victimes d’agressions homophobes et transphobes. En effet, depuis 2016, la police est particulièrement formée sur ces questions par Dialogai[3].

Cette année, c’est donc dans la suite logique de cette implication qu’a été choisi le projet de l’artiste londonien Paul Harfleet pour dénoncer et lutter contre les discriminations homophobes+[4]. Le « Pansy Project » – créé il y a 12 ans – invite les victimes homophobes et transphobes à planter une pensée à l’endroit de leur agression, dans l’idée de transformer leur expérience traumatisante en quelque chose de positif. Des affiches seront placardées dans toute la Ville jusqu’au 28 mai pour dénoncer les violences homophobes+, afin de montrer que la violence peut s’abattre à tout moment et en tout lieu. D’autre part, cela encourage les victimes à faire entendre leur voix en portant plainte auprès des autorités et en cherchant du soutien auprès des associations d’aide existantes.

Paul Harfleet prend le micro à son tour et explique « planting the plants is a lovely thing to do and does change the location of hate to location of love ».

Les discours finis, place à une ambiance sympathique autour d’un apéro offert par la Ville de Genève. DécadréE est allée questionner l’artiste. Sa réponse sur ce qui l’a poussé à débuter ce projet ?

Il répond : « Un jour, alors que je faisais mon master à Manchester, j’ai vécu trois épisodes homophobes. En un seul jour. J’ai alors pensé à comment ces expériences avaient changé ma perception de cette ville et me suis intéressé à la façon de comment la changer à nouveau, en quelque chose de plus positif. Quelque chose de symbolique mais qui pourrait aider psychologiquement. Je me rappelais de ces endroits mémoriaux que vous trouvez au bord des routes et où l’on dépose des fleurs à la mémoire de quelqu’un. Mais dans mon cas, la fleur représenterait le symbole de la vie, de la croissance et de l’épanouissement. La pensée me plaisait car en anglais (panties), elle signifie aussi une insulte homophobe, pour dire de quelqu’un qu’il est efféminé. [5] Mais en français, il y avait cette homonymie avec « penser », la réflexion. Il faut que les gens réfléchissent et considèrent les actes homophobes+. »

Aujourd’hui et ces prochains jours, la Ville de Genève offrira donc plusieurs activités pour marquer les luttes contre ces discriminations. Pour l’occasion, le Pont du Mont Blanc ainsi que le Palais Eynard seront pavoisés aux couleurs de l’arc-en-ciel. Première prouesse technique, comme le souligne Sami Kanaan, le jet d’eau arborera également les six couleurs !

Aujourd’hui 17 mai, des stands et activités d’information et de sensibilisation se dérouleront de 10h30 à 16h30 à Uni Mail. Également, un Flashmob prendra place à 12h00 sur la scène centrale dans le Hall. Un pique-nique à la Terrasse sur le Quai du Mont-Blanc et une soirée aux Brasserie des Halles-de-l’Île clôturera en gaieté cette journée.

Le jeudi 18 mai, vous pourrez participer à un atelier de sensibilisation aux questions LGBT en général et aux discriminations homophobes et transphobes mis en place par l’Asile LGBT Genève au Centre de la Roseraie.

Le samedi 20 mai, des animations pour tous âges et tous publics auront lieu au Jardin Anglais dès 14h (retrouvez l’événement facebook ici).

C’est donc un programme haut en couleur que vous propose la Ville de Genève dans le but de montrer son soutien et de visibiliser les violences bien trop courantes. En espérant que ces campagnes ne soient un jour plus nécessaires…

 

[1] La Ville membre du réseau des Rainbow Cities. Ville de Genève. 25.04.2017 URL : http://www.ville-geneve.ch/themes/geneve-internationale/partenariats-entre-villes/reseaux-internationaux-villes/reseau-rainbow-cities/

[2] Association Centre Genevois de Consultations pour Victimes d’Infractions

[3] Association homosexuelle genevoise et antenne de l’Aide suisse contre le sida

[4] Transphobes, biphobes

[5] Traduit de l’anglais par mes soins

Restez au courant de nos actualités:

S'inscrire à la newsletter

Recevez nos outils contenus media:

S'abonner à la boîte-à-outils