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Liste de lecture de l’été: 10 BD au féminin

Liste de lecture de l’été: 10 BD au féminin

Auteurice Alizé Tromme, 28 juin 2018
Illustrateurice

Image de couverture par John Weinhardt

 

L’été est là et DécadréE vous a concocté une liste de lecture 100% féminine à emporter dans vos valises ou dans laquelle se plonger pour s’évader. Bonne lecture et belle pause estivale!

En 2016, le festival de la bande dessinée d’Angoulême créait la polémique : parmi sa sélection des auteurEs éligibles à son Grand Prix, on ne trouvait aucun nom de femme. Un article du Monde signalait que le scandale était tel qu’une partie des nominés, comme Riad Sattouf, ont demandé à être retiré de cette fameuse liste, tout en suggérant des noms de dessinatrices pour les remplacer. Deux ans après, la question est toujours d’actualité, et la place des femmes dans la BD est encore loin d’être gagnée.

Les bandes dessinées, mais aussi les comics anglophones, et les mangas asiatiques réalisés par des femmes, manquent toujours de visibilité, même si la situation est lentement en train de changer. Pénélope Bagieu – dessinatrice française – et ses Culottées en sont un très bon exemple (voir notre article sur les dix livres pour un regard différent). Dans la même veine et pour des idées de lectures estivales, DécadréE vous a préparé une liste de BD de tous genres, réalisées par des femmes et qui mériteraient d’être davantage connues.

 

La différence invisible, de Mademoiselle Caroline et Julie Dachez

Marguerite, une jeune femme de 27 ans, a tout pour être heureuse : un travail, un copain, des amiEs. Pourtant, elle cache en elle un malaise de plus en plus important. En effet, la jeune femme est extrêmement sensible à son environnement, et a l’impression d’être différente des autres. Devant l’incompréhension de ses proches, elle va pousser ses recherches jusqu’à découvrir qu’elle est autiste Asperger, une forme d’autisme sans retard ou déficience intellectuelle mais avec des difficultés de décodage de situation du quotidien (voir la définition complète sur le dépliant d’Autisme Suisse Romande). Si le diagnostic est un soulagement, son parcours du combattant est loin d’être terminé.

BD témoignage, La différence invisible attire l’attention sur la particularité d’être une personne Asperger, en particulier une femme. Mal connu, le syndrome d’Asperger est ici expliqué en suivant le quotidien de Marguerite, et permet de se rendre compte concrètement des problèmes qu’elle peut rencontrer, dans son travail ou dans sa vie privée. Allant des difficultés à trouver des arrangements professionnels au scepticisme des proches ou de la société, l’album explique et instruit tout en étant divertissant à lire. Il permet de se mettre dans la peau d’une personne aspie (terme utilisé par les personnes Asperger pour se décrire), et de mieux appréhender leur manière de fonctionner, parfois différente de celle des autres. Inspiré du récit de Julie Dachez – diagnostiquée Asperger -l’histoire est parfaitement illustrée par les dessins de Mademoiselle Carole, qui parvient, notamment avec un jeu sur le noir/blanc et des touches de couleurs, à montrer la différence discrète de son personnage principal.

Ecumes, d’Ingrid Chabbert et Carole Mauret

Un album assez atypique, puisqu’il aborde le difficile sujet de la perte d’un enfant durant la grossesse d’un couple lesbien. L’accent n’est pas mis sur l’homosexualité des deux femmes, mais plutôt sur leur ressenti et la manière dont elles vont traverser cette épreuve et se reconstruire après ce deuil. La BD montre le chemin parcouru par le couple, de la joie d’attendre un enfant au drame. La métaphore de l’eau et de l’océan est présente tout au long pour signifier de manière visuelle la douleur et le chagrin qui submergent littéralement nos héroïnes, et en particulier celle qui a porté l’enfant.

Un sujet émouvant, inspiré par le vécu personnel de la scénariste Ingrid Chabbert et sublimé par le trait fin et poétique de Carole Mauret. Une bande-dessinée sensible et poignante pour appréhender le deuil d’un enfant qui ne naîtra pas.

 

 


Goupil ou face, de Lou Lubie

Une BD à la fois pédagogique et personnelle, inspirée de la vie de l’auteure et qui explique la cyclothimie, un trouble de l’humeur, de la famille des maladies bipolaires. La cyclothimie se caractérise par des instabilités au niveau de l’humeur et de l’énergie, avec des écarts pouvant parfois jongler d’une extrême à l’autre. L’auteure symbolise ici sa maladie sous la forme d’un renard, avec lequel elle doit négocier, batailler, cohabiter, parfois très difficilement. Dans cette BD intéressante et ludique, qui fait le point sur des troubles souvent trop peu connus du public ou du corps médical, elle raconte son parcours, sa découverte de la maladie et sa façon de vivre avec.

Pour prolonger la lecture de son album et pour faire davantage connaître la cyclothimie et les troubles bipolaires, Lou Lubie a également un site sur lequel trouver d’autres informations pour aller plus loin dans ces différents sujets.

Idéal Standard, d’Aude Picault

Claire est une infirmière célibataire d’une trentaine d’années. Elle enchaîne les coups d’un soir, sans parvenir à se fixer durablement dans une relation. Jusqu’au jour où elle rencontre Franck, avec lequel elle se met en couple, mais qui ne s’avère pas être mieux que les autres. Cependant, Claire va s’accrocher à cette relation ainsi qu’à l’image idyllique qu’elle se fait de la vie à deux. Ses rêves vont pourtant se heurter à la réalité, alors qu’elle réalise de plus en plus clairement que son compagnon et elle n’ont pas du tout les mêmes attentes.

A travers le regard de son personnage, Aude Picault analyse et critique les stéréotypes masculins et féminins, notamment dans les différents rôles attribués dans le couple, ainsi que le sexisme ordinaire enduré par les femmes au quotidien. Elle y aborde également les questions de la maternité, du plaisir féminin, du travail, et des valeurs traditionnelles que la société valorise dans le couple. Une représentation intelligente et réaliste de la vie de couple, et des attentes que l’on y projette, parfois de manière trop idéalisée.

 

Le vrai sexe de la vraie vie, de Cy

Dans une série comptant actuellement deux tomes, la dessinatrice Cy illustre différents témoignages reçus dans le but de montrer les différentes vies sexuelles ordinaires. Ceci en opposition aux images néfastes et clichées parfois transmises par la pornographie. Ses albums sont donc constitués de plusieurs récits de quelques planches, présentant des situations, des personnes et des vies sexuelles sous le signe de la diversité : personnages racisés, non-hétérosexuels, trans ou handicapés… Les histoires sont parfois tendres, parfois comiques, mais toujours réalistes. Entre deux témoignages, des pages « point cul» sont consacrées à présenter des thématiques bien particulières et importantes, comme la protection lors de rapports sexuels, ou le consentement.

Des ouvrages didactiques, amusants et rassurants sur la sexualité et ses multiples formes.

 

Miss Marvel, de Gwendolyn Willow Wilson et Adrian Alphona

Kamala Khan est une jeune lycéenne américaine d’origine pakistanaise et de confession musulmane sans histoire, qui vit à Jersey City. Tout change le jour où elle traverse un étrange brouillard et développe des supers pouvoirs de métamorphe. Elle devient Miss Marvel, et doit dès lors gérer sa vie de super-héroïne, en plus de l’école et de sa famille conservatrice.

Dans la plus pure tradition des super-héros américains, Miss Marvel parvient à insuffler un vent de fraîcheur dans le genre. A travers le quotidien de Kamala, nous découvrons non seulement la vie d’une jeune fille issue de parents immigrés, mais également d’une famille musulmane. La scénariste de la série, G. Willow Wilson, s’est elle-même convertie à l’islam, et permet donc de présenter fidèlement la réalité d’un tel foyer et de manière positive. Mais Kamala est aussi une jeune fille terriblement attachante, optimiste et geek, avec ses problèmes d’adolescente qui pourront parler à beaucoup. Si vous souhaitez vous lancez dans l’univers Marvel et des comics, Miss Marvel est une très bonne porte d’entrée.

Mars Horizon, de Florence Porcel et Erwann Surcouff

Dans plusieurs dizaines d’années, un équipage longuement préparé est envoyé sur la planète Mars pour y installer la première colonie humaine. Nous suivons en particulier Jeanne, jeune femme enthousiaste et qui partage avec nous ses découvertes et ses explications sur la planète rouge. Basée sur nos connaissances scientifiques actuelles, la BD offre avec ce récit fictionnel une représentation de ce que pourrait être une expédition sur Mars dans un futur prochain, et tout ce que cela implique. Très bien documenté et limpide, cet album n’en reste pas moins l’aventure de tout un équipage, que l’on suit avec plaisir.

Que cela soit au niveau de la psychologie des personnages et de leur cohabitation, mais également de toutes les sciences (physique, astronomie, robotique…) nécessaire à un tel périple, Mars Horizon nous invite à rêver de la découverte d’autres planètes, mais de manière réaliste et concrète. Même s’il faudra encore de nombreuses années pour y parvenir, cette BD nous donne un aperçu de ce que l’avenir peut nous réserver dans l’exploration spatiale. A noter que Florence Porcel possède une chaîne Youtube où elle partage entre autres sa passion de l’astronomie. A découvrir, si le sujet vous intéresse.

 


Les fantômes de Neptune, de Valp

Dans une Europe réinventée des années 1890, l’avancée technologique est telle que l’humain a déjà envoyé des missions dans l’espace. Une équipe d’archéologues découvre sur un satellite de Jupiter une statuette d’une civilisation disparue qui a autrefois colonisé le système solaire et qui a depuis disparu. Cependant, le Kaiser de Prusse s’intéresse de près à cet artefact, alors que les tensions avec la France sont de plus en plus importantes. Meena, une jeune fille de vingt ans, va se retrouver malgré elle au centre de ce conflit, alors qu’elle semble avoir un lien avec la mystérieuse statuette.

Mélange ambitieux et graphiquement sublime de Rétro-futurisme et de Science-Fiction, Les Fantômes de Neptune offre une aventure originale, au style soigné et aux personnages hauts en couleurs. Réalisée par une auteure genevoise, la série compte à ce jour deux albums.

Dans un recoin de monde, de Fumiyo Kôno

Ce manga en deux tomes présente l’histoire de Suzu Urano, une jeune fille originaire de la banlieue d’Hiroshima, et de son quotidien durant la Seconde Guerre mondiale, alors qu’elle quitte sa ville natale pour se marier. Loin des champs de batailles et des hautes instances de l’armée, Fumiyo Kôno montre dans son manga la vie de gens ordinaires, qui tentent de vivre et de survivre alors que les horreurs s’abattent peu à peu sur eux. La vie de Suzu et de sa famille au gré de la guerre et de son avancée jusqu’à l’inexorable bombe est présentée d’un trait doux, qui ne manque cependant pas de retranscrire directement les conséquences souvent violentes et tragiques de ce conflit sur les civils japonais.

Un récit émouvant et humain, qui aborde la guerre et la bombe atomique sous un autre angle. Le manga a par ailleurs récemment été adapté en film d’animation, primé à Annecy.

Les adultes n’existent pas, de Sarah Andersen

Connue pour ses strips publiés sur Twitter et Tumblr, Sarah Andersen y présente ses petits tracas du quotidien de jeune adulte qui n’a pas vraiment grandi, avec humour et justesse. Rassemblé dans un premier recueil traduit en français, ses récits en quatre-cinq cases présentent des problématiques que les jeunes adultes d’aujourd’hui connaissent bien : travail, créativité, vie sociale. Au travers de son avatar, Sarah interrogent sur ce qu’être adulte signifie dans notre société, sur la responsabilité qui est attendue des adultes et les impératifs sociaux auxquels les jeunes, et tout particulièrement les jeunes femmes, doivent se plier.

Vous pouvez retrouver les strips de Sarah (en anglais) sur son tumblr ou son twitter.

 

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