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Sexisme chez les assassins

Sexisme chez les assassins

Auteurice Carlotta Maccarini, 19 février 2021
Illustrateurice

La série de jeux vidéo Assassin’s Creed fait partie des mauvais élèves en termes de représentation genrée. Sur douze épisodes sortis, seuls les deux derniers permettent d’opter pour un personnage féminin. Petit tour de la question.

 

Lancée en 2007, la saga Assassin’s Creed est une des licences les plus lucratives du studio de jeux vidéo Ubisoft. Elle a été adaptée au cinéma en 2016 et son dernier opus, Valhalla, sorti en novembre 2020, est un succès commercial acclamé par la critique.

Il faudra cependant attendre 2018 et le 11e opus de la série pour que les joueur-euse-s puissent choisir entre une femme, Kassandra, et un homme, Alexios. Assassin’s Creed Odyssey devient dès lors le premier jeu entièrement jouable avec un personnage féminin.

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Women don’t sell

Marie Jasmin, ancienne développeuse du studio de jeux vidéo français, a rapporté en juillet 2020 sur Twitter la raison pour laquelle les femmes n’étaient pas présentes dans la série Assassin’s Creed: “Women don’t sell” (les femmes ne vendent pas) était l’argument avancé par les directeurs artistiques.

https://twitter.com/mariejasmin_/status/1285565180097761281?s=19

En effet, ce sont les décisions de l’ancien directeur créatif d’Ubisoft, Serge Hascoët, qui expliqueraient l’absence de personnage jouable féminin dans la licence Assassins’s Creed. Et cette situation durera jusqu’en 2018 avec la sortie de Odyssey, comme l’explique Jason Schreier, journaliste chez Bloomberg.

La représentation féminine est une problématique récurrente dans la licence. En 2014, Assassin’s Creed Unity avait déjà fait couler de l’encre car le jeu sortait avec un mode multijoueur sans aucun personnage féminin. La raison invoquée par les équipes de développement? Il aurait apparemment été trop compliqué et chronophage de créer des animations supplémentaires pour des femmes assassines!

Un an plus tard, Assassin’s Creed Syndicate permet de jouer avec deux personnages: Evie et Jacob. Leur temps de gameplay (soit le temps de jeu par personnage) aurait dû être égal, mais d’après Marie Jasmin, de nouvelles interventions de Serge Hascoët et son équipe l’ont finalement reléguée à un personnage secondaire.

Jana Sloan van Geest, game writer d’Assassin’s Creed Origins, sorti en 2017, affirme avoir été engagée pour développer le personnage d’Aya – personnage qui aurait dû être jouable. Mais un veto mis par Ubisoft l’a à nouveau reléguée comme personnage secondaire.

En 2018 enfin, Kassandra aurait dû être l’unique personnage jouable d’Odyssey. Mais les équipes marketing et artistiques d’Ubisoft menées par Serge Hascoët ont tout simplement interdit cela, puisque “Women don’t sell”, rappelez-vous.

Des jeux comme The Last of Us part II et Horizon Zero Dawn prouvent heureusement le contraire car ce sont des millions de joueurs qui choisiront d’incarner les personnages féminins Ellie et Aloy. Mais le monde du jeu vidéo reste encore riche de stéréotypes et de clichés de genre.

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Harcèlement sexuel et protection d’hommes hauts-placés

Autre problématique: le monde du jeu vidéo a encore du mal à se détacher de son image misogyne. La démission, en juillet 2020, de Serge Hascoët, ancien numéro 2 d’Ubisoft, a révélé de nombreux problèmes.

Numerama, site web d’actualité informatique, publie une enquête donnant la parole à une trentaine d’employé-e-s qui dénoncent des agissements intolérables. Harcèlement sexuel, tentatives d’agression sexuelle, protection d’hommes haut placés: tout le monde savait, les agissements étaient tolérés par les RH ou volontairement tus.

Grâce aux nombreux témoignages de cette vague #MeToo, Hascoët, mais également le directeur des studios canadiens et la directrice des RH Cécile Cornet ont été amenés à démissionner en juillet 2020.

 

Des guerrières Vikings ? 

En novembre 2020, le dernier né d’Ubisoft, Assassin’s Creed Valhalla, sort avec cette fois-ci le personnage d’Eivor, que les joueur-euse-s peuvent personnaliser. Premier critère à choisir: son genre.

Les critiques sont immédiates et nombreux-euses sont les détracteur-ice-s qui estiment injustifié de mettre un personnage féminin à disposition. Selon elle-ux, rien ne prouve qu’historiquement les femmes participaient aux combats chez les Vikings.

Heureusement, Ubisoft avait anticipé la critique en publiant sur son site la justification suivante: « Cela faisait partie de l’idée du monde (des Vikings), que femmes et hommes sont tout aussi formidables au combat, et c’est ce qu’Assassin’s Creed Valhalla  reflètera. »

On peut donc se réjouir de l’évolution positive et de l’ouverture d’esprit grandissante dans l’univers du jeu vidéo. Mais cela amène à se questionner: pourquoi les personnages jouables doivent-ils systématiquement être genrés?

Mais cela amène à se questionner sur la nécessité de genrer les personnages jouables de manière systématique. L’entreprise Ubisoft envisagera-t-elle d’aller au-delà de ce critère de game design dans le futur ? À découvrir à l’horizon 2022, avec l’éventuelle sortie du prochain volet de la saga.

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